VILLERS-LES-LUXEUIL (70) 26.11.2019

Résumé
Observations par deux automobilistes d'une lumière blanche puis d'une forme triangulaire noire en déplacement dans le ciel : observation d'un phénomène non identifié.
Description

Le 26 novembre 2019, un couple circule dans des véhicules distincts depuis Vesoul (70) en direction de leur domicile à Villers-lès-Luxeuil (70). Le mari (T1), qui suit son épouse (T2), observe un premier phénomène lumineux peu après 17 h, aux abords du village de Saulx-de-Vesoul (70). Il s'agit d'une lumière blanche semblant évoluer sous la couche nuageuse. Après environ 15 secondes, cette lumière s'élève à la verticale et disparaît dans les nuages, à une distance estimée entre 10 et 12 km du village. Moins de 10 secondes plus tard, elle réapparaît au-dessus de la zone. T1 tente alors d'alerter T2 en effectuant des appels de phares et en l'appelant sur son téléphone, mais celle-ci ne perçoit pas le phénomène. Plus tard, à leur arrivée à Villers-lès-Luxeuil (70), les deux témoins observent successivement (T2 en premier, puis T1) une large structure triangulaire noire, quasi-stationnaire au-dessus du village. L'objet présente une forte lumière blanche à l'avant ainsi qu'une lumière rouge fixe. T1 immobilise son véhicule, coupe la radio et ouvre les fenêtres afin de mieux percevoir d'éventuels sons. Le PAN évolue alors lentement, glissant dans l'air sans produire de bruit, à une altitude estimée à moins de 100 mètres. L'observation dure environ 20 secondes, jusqu'à ce que, selon T2, l'objet bascule sur lui-même avant de disparaître en direction du Nord-Nord-Ouest.

La consistance* du cas est bonne : deux témoins, qui ont fait preuve d'une grande coopération. Toutefois, il est à noter que les témoignages ne peuvent être considérés comme entièrement indépendants. De plus, aucune preuve matérielle, telle que des photos ou des vidéos, n'est disponible pour corroborer les déclarations.
*selon les critères du GEIPAN, la consistance est la quantité d'informations considérées comme fiables et objectivées, recueillies pour un témoignage.
Le degré d'étrangeté, perçu par les témoins, provient de la taille du PAN, de sa forme triangulaire sombre et de l'absence totale de bruit.
Trois hypothèses ont été examinées (voir le compte rendu d'enquête) : un avion civil de type Robin DR400, un chasseur Mirage 2000-5F et un drone militaire.
- L'hypothèse du drone militaire a semblé plausible en raison d'une note (SUP AIP 299/19) mentionnant la présence d'une zone réglementée temporaire (ZRT) liée à un éventuel transit de drones militaires entre le 07/11/2019 et le 06/05/2020, période couvrant la date de l'observation. Toutefois, les altitudes de vol autorisées (de 14 935 m à 16 764 m) ne sont pas compatibles avec une observation à l'oeil nu depuis le sol, en tenant compte de la couverture nuageuse totale (8/8 octa) et de l'altitude inférieure à 3 000 m. Sur cette base, l'hypothèse a été écartée.
- L'hypothèse du Robin DR400 est renforcée par la présence de cet avion à basse altitude dans le créneau temporel de l'observation et par la concordance de sa trajectoire. En effet, il a été confirmé que l'avion était en phase d'atterrissage sur la base aérienne BA116. De plus, les lumières blanche et rouge observées peuvent être attribuées au phare d'atterrissage et au feu de position sur l'aile gauche. Cependant, la taille apparente de l'avion (comparée à celle de la pleine Lune) ne correspond pas à l'« impressionnante » et « sombre » taille du PAN décrite par les témoins. T1 précise notamment que « ma main (tendue) n'aurait pas suffi à cacher le triangle… sombre ». En outre, la forme triangulaire sombre ne trouve aucune explication logique, à l'exception d'une possible illusion d'optique.
- L'hypothèse d'un Mirage 2000-5F est soutenue par la confirmation d'un exercice militaire au départ de la base BA116, impliquant quatre Mirages, dont l'un suit une trajectoire cohérente avec celle du PAN. Cette hypothèse semble également mieux correspondre à la forme triangulaire observée. Toutefois, elle présente plusieurs incohérences qu'il convient d'examiner plus en détail :
- un écart de 10mn par rapport à l'heure établie de l'observation,
- une élévation (14°) bien plus faible que celle mentionnée par les témoins (>30°),
- une taille non conforme avec la déclaration du témoin,
-l'absence de bruit perçu par les témoins et le fait qu'ils ne l'aient pas identifié, malgré leur résidence prolongée dans le village et leur familiarité avec le passage des Mirages.

Compte tenu de l'étrangeté persistante du phénomène après enquête, et de la consistance du témoignage, le GEIPAN classe ce cas en catégorie « D1 » : observation d'un phénomène non identifié.