SILLY-LE-LONG (60) 31.05.2015

Summary
Observation à basse altitude de lumières puis d'un PAN sombre en forme de V qui semble stationnaire : observation d’un avion de tourisme de nuit (effet pivot).
Description
Le 31 mai 2015 vers 0h50-0h55 deux témoins (T1 conducteur, T2 passager à sa droite) en service dans un fourgon se trouvent sur la commune de Silly-Le-Long (60) et s'engagent sur la voie rapide Nationale 2 en direction du NE (direction de Nanteuil-Le-Haudouin (60)). La nuit est claire et la Lune est dans leur dos. Tout en roulant, ils remarquent à basse altitude des lumières blanche (fixes) et rouge (clignotantes) qui les intriguent. En effet, habitués des lieux et proches de l'aéroport de Roissy, ils ont l'habitude de voir des avions mais ce qu'ils voient leur paraît bien trop bas et semble stationnaire donc anormal. Ralentissant, ils constatent sur leur gauche la présence d'un PAN massif et sombre en forme de V. Juste après le passage du pont dit "de Silly", seul le T1 pourra voir le PAN. L'observation en roulant se fera au travers du pare- brise, de la fenêtre ou du rétroviseur ; elle durera entre 1 et moins de 4 minutes avant que le PAN ne soit caché par le relief de la route (descente). Les témoins rapportent leur observation dans un PV de gendarmerie, dans un questionnaire GEIPAN. Aucun autre témoignage n'a été recueilli.
Ce cas d'observation a été très intéressant et a représenté beaucoup de travail pour le GEIPAN : il constitue au final un cas d'école sur plusieurs points de vue détaillés ci-après et dans le compte-rendu d'enquête joint
. Les témoins observent au-devant de leur véhicule, des lumières blanches et rouges disposées horizontalement. Celles-ci apparaissent stationnaires. Arrivés à la hauteur du phénomène, les témoins observent un objet massif, en forme de V très aplati.
L’élément qui fait l’essentiel de l’étrangeté de l’observation (et motivation du témoignage) est l’aspect « lévitation stationnaire» d’un objet de forme triangulaire (pas un avion car stationnaire et pas l’aspect d’un hélicoptère).
L’enquête met en évidence qu’un avion de tourisme passait à basse altitude (exercice Touch and Go) en sens contraire du mouvement du véhicule des témoins. Un travail d’enquête considérable de reconstitution sur place avec les témoins et de simulation 3D, à partir des données de navigation GPS de l’avion et de la trajectoire du véhicule des témoins, met en évidence un phénomène de pivot, c’est-à-dire que l’axe reliant la position des témoins et celle de l’avion « pivote » essentiellement sur lui-même, et peut ainsi donner l’impression pour les témoins qui auraient vu l’avion que celui-ci est fixe au niveau du pivot. L’effet pivot de cet avion est surtout avéré et cohérent avec l’observation visuelle du PAN par les témoins lorsque les témoins passent au plus près du PAN. Le pivot se trouve au niveau d’un pont qui enjambe la route, et c’est aussi à ce niveau qu’est vu le PAN stationnaire.
La position reconstituée de l’avion et celles témoignées du PAN sont proches angulairement sur une grande partie de l’observation. L’écart angulaire peut atteindre 20 à 30°, surtout juste après le pont, mais cela reste compatible d’une erreur de perception ou mémorisation, et ce d’autant plus qu’un écart de même ordre apparaît entre les deux témoignages. On a là un élément clef en faveur d’une méprise des témoins avec l’avion.
Par ailleurs, les témoins ne distinguent pas l’avion du PAN, alors que l’avion (si il n’est pas le PAN ) ne s’en écarterait que de 20° ou 30° et émet ses lumières par nuit claire à quelques kilomètres de distance (voire bien moins au pivot).
De même, le pilote de l’avion (interrogé) ne remarque pas d’objet imposant (tel que décrit par les témoins) émettant des lumières (suffisamment fortes pour être vues à plusieurs kilomètres par les témoins) et situé à proximité immédiate de sa trajectoire d’atterrissage.
Ces éléments pris seuls permettraient de classer ce cas comme une méprise avec l’avion identifié. Pour autant, ce cas a fait l’objet d’analyses plus approfondies en rapport avec des écarts importants entre l’observation témoignée et l’aspect de l’avion.
- Parmi les lumières témoignées, certaines (couleur, clignotement ou non) ne sont pas explicables par celles de l’avion. Mais l’écart le plus important au niveau des lumières vient de l’un des témoins (T1) et la mauvaise perception peut être invoquée. En particulier T1 perçoit (après le passage du pont) des rectangles lumineux blancs clignotant lentement qui auraient dû être des flashs ponctuels (flash codes de l’avion).
- L’écart principal à l’hypothèse avion se situe au niveau des tailles angulaire: celle de l’avion, au point d’observation témoigné, est de 0,7° alors que la taille témoignée est entre 14 et 27°, selon les témoins et les méthodes de restitution. Il est usuel d’avoir une surestimation des tailles angulaires d’un PAN, mais l’écart est ici très fort. On note toutefois que ces restitutions angulaires de la taille du PAN sont obtenues en absolu ou sans repérage fiable avec des objets au sol. On note aussi que les écarts angulaires les plus affirmés (les lumières blanches diffèrent de l’avion non seulement par leur aspect rectangulaire, mais aussi par l’écart angulaire entre elles) proviennent du seul témoin T1 alors qu’il était après le pont et qu’il regardait dans des conditions pour le moins peu confortables et peu favorables à la précision (de nuit, vers l’arrière tout en conduisant, en regardant en grande partie dans le rétroviseur).
Du fait de ces écarts, ce cas a été soumis dans sa globalité au collège d’experts du GEIPAN. Les éléments en faveur de la méprise avec l’avion l’ont emporté et la majorité des experts ont validé l’hypothèse d’une grosse illusion de perception, illusion considérée comme explicable par la conduite de nuit, l’observation dans le rétroviseur, ainsi que la fatigue ou le stress. Ces écarts sont néanmoins importants et justifient leur inscription à la base de donnée GEIPAN pour alimenter les travaux en cours ou à venir sur les problématiques de perception ou de mémorisation (qu’elles soient spécifiques ou non des PAN).
En conséquence, le GEIPAN classe le cas en A : méprise avec un avion.
Une première vidéo de simulation 3D comporte plusieurs fenêtres synchronisées :
- Écran principal : simulation de la vision depuis le véhicule du témoin, du PAN (selon les indications témoignées) et de l’avion (selon les positions GPS enregistrées dans l’avion). L’effet pivot de l’avion est manifeste, en particulier au niveau du passage du pont. Pivot repéré par une flèche verticale violette.
- L’aspect visuel du PAN résulte principalement des descriptions du témoin T1. On remarque l’écart en position avec celle de l’avion, on note l’écart de taille angulaire avant et surtout après le pont (les deux mires rouges ne pointent rien de particulier mais représentent entre leurs deux positions une valeur d’écart angulaire de 20°).
-Fenêtre bas-droite : vidéo prise dans le véhicule en reconstitution de jour.
-Fenêtre bas-gauche : zoom sur la simulation de l’avion.
L’autre vidéo de simulation 3D représente la scène vue du ciel. Il n’y a bien sûr pas la vision du PAN par le témoin. Cette vidéo permet d’apprécier l’effet pivot.