CROZON (29) 13.01.2020
Le témoin roule tôt le matin sur une petite route de campagne située sur la presqu’île de Crozon. Le temps est mauvais avec de fortes rafales de vent, un plafond nuageux bas et de la pluie. Le témoin observe, partiellement masqués par la cime d’un bosquet de pins situés sur sa gauche, deux rectangles rouges horizontaux, identiques.
Après avoir ralenti, il remarque un troisième rectangle rouge identique qui apparaît à gauche des deux autres, avec le même espacement. L’ensemble, qui paraît de dimensions importantes au témoin, se trouve relativement haut dans le ciel et se déplace, en conservant la même apparence, le long de la route, toujours sur la gauche du témoin, et en direction d’un croisement de routes situé un peu plus loin. Puis les trois PAN s’immobilisent au niveau du croisement, face au témoin qui s’arrête à son tour peu avant ce croisement afin de les observer.
Se trouvant plus proches, le témoin estime qu’ils occupent les 2/3 de la longueur de son pare-brise, un peu décalés sur sa gauche. Il doit se pencher en avant sur son siège pour les observer en intégralité.
Il les décrit comme ressemblant à des feux arrière de camions, rouge vif et lumineux, bien délimités et constitués de petites billes mouvantes à l’intérieur. Ces PAN, malgré les rafales de vent secouant le véhicule du témoin, restent immobiles.
Après quelques secondes d’observation, les trois PAN partent vers le sud, face au témoin, en conservant leur apparence et leur disposition tout en diminuant visuellement de taille. Ce départ s’effectue d’abord à une vitesse modérée, par ricochets en baissant de hauteur apparente jusqu’au niveau de l’horizon avant d’accélérer et de disparaître quasi instantanément vers le ciel, sans toutefois interagir avec les nuages.
Concernant ce cas d’observation, la consistance est bonne, avec un témoignage très cohérent et bien détaillé. Le phénomène observé a étrangeté élevée. Les éléments recueillis lors de l’enquête distante et sur le terrain ont permis d’envisager plusieurs hypothèses explicatives pour cette observation.
Approfondie en comité des experts GEIPAN, l’enquête a permis d’envisager plusieurs hypothèses :
- Drone(s)
- Hélicoptère(s)
- Lumière d’un phare/sémaphore
- Lumière de balisage d’éoliennes
- Laser ou projecteur de discothèque
- Reflet sur le pare-brise d’une lumière interne à l’habitable
- Avion
- Plaques réfléchissantes ou feux de position ou feux de gabarit d’un camion
L’enquête a approfondi les 3 premières hypothèses drone(s), hélicoptère(s) et lumière d’un phare. Les autres hypothèses ont été éliminées en le justifiant.
La BAN de Lanvéoc-Poulmic, située à proximité, a été consultée au sujet d’une possible observation aéronautique et nous a indiqué qu’aucun de ses appareils ne se trouvait en manœuvre à ce moment.
D’autre part, même si la forme et la couleur des PAN peuvent laisser penser à une forme de signalétique lumineuse (marquage) pour lequel nous n’avons d’ailleurs pas pu trouver d’exemples, tous les autres paramètres sont peu ou pas du tout compatibles avec l’hypothèse drones ou hélicoptères.
En effet, la taille angulaire importante des PAN ne permet d’envisager qu’une position relativement proche du témoin qui, surtout pour des hélicoptères, n’aurait pas manqué de percevoir le son émis par leurs moteurs, avec un vent porteur, même dans les conditions défavorables d’observation (dans une voiture moteur allumé, vitres fermées et par temps de pluie et de vent).
Il semble par ailleurs difficile d’imaginer que trois de ces engins puissent avoir été observés de manière permanente en conservant les distances respectives les séparant.
L’hypothèse de l’observation de trois drones est un peu plus consistante, en ce sens qu’elle permet de les placer un peu plus près du témoin tout en ayant un bruit émis nettement inférieur. Elle implique toutefois que ces drones soient de grande taille pour une distance au témoin restant faible. Par ailleurs, un instructeur drones de la Marine Nationale a été sollicité et nous indique que l’apparence des PAN ne peut être assimilée à une quelconque signalétique lumineuse utilisée par un drone militaire.
Enfin, la BAN de Lanvéoc-Poulmic nous a confirmé ne pas avoir effectué d’exercice avec leurs drones le soir de l’observation. Il pourrait s’agir toutefois de drones issus d’une autre base ou utilisés par un particulier ce qui, dans les conditions d’observation, reste néanmoins peu plausible.
En ce qui concerne l’hypothèse sémaphore/phare, elle est très peu vraisemblable. Un sémaphore n’a pas vocation à émettre de signaux lumineux et il n’y a pas dans la zone de phare assez puissant susceptible de produire des lumières rectangulaires rouges fixes, permanentes pendant deux minutes, en direction de l’axe d’observation des PAN et se déplaçant avec des « ricochets ». Par ailleurs, un faisceau, par temps de pluie, aurait dû être visible sous les rectangles, ce qui n’a pas été le cas. D’autre part, l’éclairage du phare est plutôt diffus et ne permet en aucun cas de créer trois formes rectangulaires rouges bien délimitées sur la base des nuages. Enfin, le témoin, habitué des lieux, n’aurait pas manqué de reconnaître les lumières d’un phare, y compris dans les conditions météorologiques de l’observation, habituelles pour la région, lumières qu’il aurait également déjà dû observer auparavant dans des conditions météorologiques similaires.
Le GEIPAN reste prudent en raison du questionnaire technique rédigé et envoyé 5 mois après l’observation ainsi que l’enquête de terrain et la reconstitution réalisée un an plus tard.
D’expérience GEIPAN ces délais peuvent perturber voire modifier les éléments du témoignage.
Une reconstitution visuelle de l’observation grâce à un outil de simulation vidéo a été réalisée. Elle sera publiée associée à ce rapport d’enquête.
En conclusion, cette enquête a été très riche de contenu et d’hypothèses étudiées. Le GEIPAN a déroulé sa méthodologie d’enquête la plus complète avec dans un premier temps une enquête à distance puis une enquête sur le terrain puis l’analyse du comité des experts GEIPAN. Plusieurs hypothèses ont été étudiées. Le GEIPAN considère qu’aucune ne donne satisfaction en regard du témoignage. Par conséquent, nous publions l’ensemble des éléments portés à notre connaissance par le témoin ainsi que l’ensemble de notre enquête et cette observation est classée « D », phénomène inexpliqué.