COLMAR (68) 21.08.2015

Résumé
Observation diurne d'un phénomène lumineux blanc pâle traversant le ciel et disparition subite vers les Vosges : probable reflet sur la verrière du pilote d'un avion militaire.
Description

En attendant sa fille qui doit faire un saut en parachute, le témoin et sa femme, à l'aérodrome de Colmar le 21 août 2015 à 11h05, observent dans le ciel une boule blanche pâle traversant le ciel N/NO, à une vitesse apparente supérieure à celle des avions en vol pour les sauts. Le phénomène s'arrête brusquement vers les Vosges. Le témoin en parle à la personne ayant réalisé le saut avec sa fille mais ce dernier n'a rien vu. Un seul témoignage sera recueilli.
Analyse des éléments mis à notre disposition :
1) l'observation s'effectue en statique, à l'extérieur, sur le tarmac de l'aérodrome de Colmar ;
2) le phénomène est unique, lumineux, de couleur blanche, pâle, de forme ronde, contours flous, de petite taille (estimée 1°), sans bruit, ni trainée, repéré au Nord, puis disparaissant au Nord-Ouest, se déplaçant de manière rectiligne dans le ciel au 220° (reconstitué par les indications du témoin), vitesse de 4°/s, élévation en baisse de 40 à 20° (ignorant si elle est due à l'éloignement, à une réelle baisse d'altitude ou combinaison des 2 ;
3) la situation météo relevée sur le lieu même de l'aéroport de Colmar le 21 Août 2015 à 11 heures et indiquée par Meteociel fait état d'un faible vent d'Est de 6 km/h en moyenne, sans précipitation.
Le témoin rapporte "Ciel parfaitement dégagé bleu et ensoleillé" ;
4) la date : il s'agit d'un vendredi, en fin de matinée ;
5) l'environnement : zone dégagée de l'aérodrome, au Nord de Colmar.
La carte de report de la trajectoire du phénomène se trouve dans le fichier "carte report trajectoire.jpg".
ANALYSE :
Ce phénomène conduit à envisager en première analyse un reflet du soleil sur un objet en vol, soit métallique, soit sur une verrière. L'analyse détaillée ci-après, va montrer que les conditions d'observation sont très favorables à ce phénomène.
Les éphémérides depuis le lieu d'observation donnent la position du soleil à 11h05 au 127° (au Sud-Est), avec 43° d'élévation, voir le fichier : "Éphémérides Soleil.jpg". La trajectoire du phénomène du Nord au Nord-Ouest, estimée par le témoin, est au 220°, avec une élévation décroissante de 40° à 20°, diamétralement opposée au soleil. La carte dans le fichier "Hyp Carte reflet soleil.jpg" positionne ces éléments.
Ces éléments permettent de constater que :
- l'incidence du soleil est presque perpendiculaire à la trajectoire du phénomène ;
- l'élévation du soleil à 43° est du même ordre de grandeur que celle du phénomène estimée par le témoin à 40°.
Tous ces éléments sont favorables à la génération d'un reflet du soleil, tel que validé géométriquement dans le fichier "Hyp Géométrie reflet soleil.jpg", reflet disparaissant lorsque les angles incidence entre le soleil, l'objet et le témoin au sol s'écartent des conditions favorables. Ceci explique que d'autres témoins effectuant un saut en parachute, donc à une altitude et emplacement différents du témoin n'aient pas vu ce phénomène qui nécessitait un emplacement précis pour être observé à cet instant précis.
Maintenant se pose la question du type d'objet en vol, se déplaçant à l'origine de ce phénomène.
Plusieurs hypothèses sont développées :
Hypothèse A : un avion civil en approche sur l'aéroport de Bâle-Muhouse :
- la trajectoire relevée est compatible d'un avion en approche, en cours de virage, pour s'aligner sur la piste de l'aéroport de Bâle-Mulhouse, située au Sud au 170° à 55 km, piste orientée au 150°.
Le fichier "Hyp A approche Bâle-Mulhouse.jpg" dessine la trajectoire observée par le témoin (en rouge), la piste (en bleu), ce qui permet d'interpoler la trajectoire entre l'observation et l'atterrissage (en noir).
Ce qui conduit à un reflet de soleil sur la carlingue d'un avion en vol, en arc de cercle autour du témoin, reflet disparaissant lorsque l'objet reprend une trajectoire rectiligne, dans l'alignement de la piste de Bâle-Mulhouse.
Maintenant étudions les trajectoires d'approche pour l'aéroport de Bâle-Mulhouse. Il ressort que les avions passant à proximité de Colmar se trouvent à une altitude 10.000 à 12.000 pieds, soient 3.000 à 3.600 mètres d'altitude. Quant à la vitesse, elle se situe entre 300 et 400 knots, ce qui correspond de 600 à 700 km/h.
Corroborons ceci avec les données de l'observation : la vitesse angulaire telle que relevée par le témoin, 60° parcourus en 15 secondes, conduit à un déplacement angulaire de 4°/s approximativement.
Dans le cadre de cette hypothèse, un avion se trouve réellement entre 3.000 et 3.600 mètres d'altitude, et vu son élévation de 43°, correspond à une distance comprise entre 3.000 et 3.600 mètres.
A 3.000 mètres, cela correspond à une vitesse linéaire de 3000*tan(4°)~200 m/s, soient 720 km/h. Pour 3.600 m, cela correspond à 860 km/h.
L'analyse de cette hypothèse la rend crédible, si l'on prend en compte une erreur d'approximation de distance par le témoin, le phénomène se trouvant autour de 3.500 mètres de distance, et non deux fois plus près. Dans ce cas, il se déplace à une vitesse d'environ 800 km/h, ce qui est conforme à celle d'une approche à cette distance de la piste.
Mais, malheureusement cette hypothèse ne résiste pas à la réalité des relevés radar civil. Il n'y a pas d'avion civil suivant cette trajectoire à cet instant. Plus étonnant, il y a bien un avion civil, vol AB7653, mais dans un azimut diamétralement opposé au 038° (+180°=218° ~220°), effectuant une approche sur Baden-Baden, située au Nord-Est, au 035° à 90 km, piste orientée au 030°. Ce vol a une trace au sol à 1,3 km au Nord-Ouest du témoin, une altitude de 4.000 mètres, ce qui le positionne à une élévation d'environ 70°, ne pouvant pas générer de reflet, si toutefois le témoin s'était trompé de sens de déplacement lors de la rédaction du questionnaire. Relevé radar civil dans le fichier "Hyp Abis approche réelle Baden-Baden.jpg".
Hypothèse B : un avion militaire en approche sur la Base Aérienne 116 Luxeuil-Saint-Sauveur :
Cette base abrite la 2ième escadre de chasse qui comporte une seule unité navigante, l'Escadron de Chasse 1/2 "Cigognes" et ses Mirage 2000-5F.
Elle est située à 80 km au 250° du témoin, dont la piste est alignée au 290°.
Pour se poser, en passant par Colmar, un avion devrait avoir une trajectoire plus au Sud que le 250°, ce qui correspond au 220° observés, de façon à pouvoir effectuer un virage vers l'Ouest (au 290°) pour s'aligner sur la piste.
Dans ce cas, ce serait la verrière du pilote qui serait à l'origine du reflet, avion en léger roulis vers le témoin pour une trajectoire en arc de cercle, la carlingue étant traitée pour masquer l'avion. La photo "Hyp B Verrière mirage 2000.jpg" permet de se rendre compte de l'importance de la verrière.
Une demande de trafic militaire, non reporté sur les relevés de radar civil a été émise en Mai 2017. Malheureusement, nous n'avons pas de réponse à notre requête pour valider cette hypothèse.
Hypothèse C : un flash Iridium diurne :
Les corps célestes sont visibles à l’œil nu de jour lorsque leur magnitude devient inférieure à -4. C'est le cas de la planète Vénus lors de ses élongations maximales. Phénomène inconnu du grand public !
Les flashs Iridium pouvant être beaucoup plus brillants jusqu'à la magnitude -8 (soit près de 30 fois plus lumineux que l'éclat de Vénus), certains sont visibles en journée.
Quant à la couleur du reflet, malgré la couleur jaune du soleil, les astres visibles en journée sont de couleur blanche. La lune visible de jour lors de sa phase voisine du quartier est de cette couleur.
Cette hypothèse de flash Iridium est vraisemblable mais malheureusement, nous ne disposons plus d'éphémérides pour cette date et ce lieu pour confirmer cette hypothèse.
En conclusion :
La consistance du témoignage est bonne, plusieurs témoins (une seule déposition) et une bonne fiabilité des informations données.
A défaut de certitude avec une réponse des autorités militaires nous privilégions l'hypothèse d'un avion militaire en approche sur la Base Aérienne 116, comme la plus probable, avec proposition de classement en B : probable reflet sur la verrière d'un avion militaire.