Nouvelle simulation de la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990
Nouvelle simulation de la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990
Le 5 Novembre 1990, à partir de 19h, plus de mille témoins répartis sur la France ont été très surpris d’observer un phénomène lumineux de grande envergure traverser le ciel, très dégagé cette nuit-là.
Le GEIPAN recevra de nombreux témoignages via la Gendarmerie nationale :
Pour la quasi-totalité des témoins, ce phénomène a été perçu à basse altitude, alors qu’il s’agissait du survol d’un nuage de débris d’un 3eme étage de fusée soviétique PROTON à une altitude de 90 à 50 km, à une vitesse décroissante de 7 à 2 km/s (25 000 à 7 200 km/h). C’est la puissance lumineuse du phénomène qui l’a fait paraître proche aux témoins (on observe la même illusion de proximité à chaque rentrée atmosphérique de météoroïde naturel, phénomène appelé alors météore ou ). Cet ensemble de débris en fusion, suivis de traînées, s’étire dans l’espace sur plusieurs dizaines de km selon la forme et la composition des pièces métalliques.
La chaïne TV Numero 23 a diffusé récemment un reportage sur cet événement, au cours duquel Pierre Omaly, spécialiste CNES des rentrées atmosphérique, présente la trajectoire simulée du phénomène, visualisé avec le logiciel Google Earth.
Afin que vous puissiez mieux comprendre cette trajectoire dans l’espace, nous mettons à disposition le fichier qui permettra de produire vous-même cette simulation en trois dimensions, et visualiser ainsi comment elle est vue depuis un témoin au sol:
Ceci demande bien sûr une bonne d’habitude du logiciel Google Earth pour bien choisir le lieu d’observation, l’angle de vue, et la dynamique du phénomène:
A propos de la simulation
La simulation a été produite par le logiciel CNES DEBRISK qui modélise le freinage progressif dans l’atmosphère de plusieurs corps de densité variées.
Nous avons établi un modèle simplifié de ce 3eme étage PROTON en 3 corps de densités différentes : un corps cylindrique, et 2 corps sphériques (réservoirs). Dans la réalité, il y a eu plusieurs dizaines voire centaines de débris de tailles, formes et densités diverses.
La ligne jaune est la trajectoire du milieu du nuage de débris, selon les 3 groupes arbitraires. Les boules représentent l’enveloppe des nuages de débris (il n’est pas possible de simuler une multitude de débris de nature inconnue).
Nous avons estimé que la fragmentation du 3eme étage a commencé à 94 km d’altitude, au-dessus du Golfe de Gascogne (La simulation montrée sur la Chaîne 23 a été faite avec une fragmentation au-dessus de la France, ce qui nous semble finalement moins conforme aux observations)
Il existe par conséquent une incertitude notable sur l’étalement du phénomène selon l’axe de la trajectoire, par contre, de part et d’autre de cette trajectoire, l’incertitude est faible.
<h4>Afin d'éclairer les questions entourant souvent la rentrée atmosphérique du 5 novembre 1990, nous citons, ci-après, une interview parue dans le numéro de janvier 2014 du magazine Nexus.</h4>
Q: Xavier Passot vous êtes l'actuel directeur du GEIPAN. Le 5 novembre 1990 de très nombreux témoins se sont manifestés auprès de la gendarmerie, auprès de la presse, auprès de groupes ufologiques. Vers 19 h ce soir là plusieurs centaines de témoins, un peu partout en France, ont vu des phénomènes qu'ils n'ont pas pu expliquer dans le ciel, en position basse voir très près du sol et à courte distance, apparente. Des ufologues ont enquêté sur ces cas du 5/11 et en ont déduit que visiblement une série de phénomènes volants, non identifiés, ont été vus sur le territoire, à des altitudes apparemment très faibles, des phases parfois immobiles et sur des trajectoires différentes. C'était à l'époque le SEPRA qui était en place comme structure sur les
au sein du CNES. 23 ans après les faits quel est votre avis sur ce que certains appellent "la vague d'observations
" du 5/11/90 ?
R : Arrivant au GEIPAN, j'ai pris connaissance de ce cas en lisant d'abord la littérature ufologique contestant la conclusion du GEIPAN ; ceci a éveillé quelques doutes mais aussi aiguisé ma curiosité. J'ai ensuite laissé ce sujet de côté pour me consacrer aux nombreuses affaires plus récentes qui m'ont appris à interpréter les rapports d'
de PANs.
En traitant les nombreux cas de lanternes thaï, j'ai constaté que les estimations de distance faites par les témoins sont généralement fausses, ce qui est bien normal puisque, au-delà de 10m, on ne peut estimer la distance d'un objet que si on en reconnaît la forme et partant la taille. Par définition, on ne reconnaît pas a priori la nature d'un
, on ne peut en déduire sa taille ni sa distance, Il est impossible d'estimer la distance d'un point lumineux dans le ciel : un lampadaire lointain, un avion à l'approche vu de face près de l'horizon, ou le lever de Venus ont strictement le même aspect au premier coup d'œil. Deplus, nous interprétons très différemment les phénomènes selon qu'ils sont près de l'horizon ou en plein ciel (Cf : l'illusion de la taille de la Lune à son lever, et en plein ciel)
J'ai constaté aussi que l'ensemble de points lumineux créé par un groupe de lanternes thaï est souvent interprété comme un seul aéronef avec une lumière à chaque angle.
En traitant les cas de bolides (chute de météorites) avec plusieurs témoins, j'ai constaté que la quasi-totalité des témoins estimaient l'altitude de ces phénomènes à moins de 1000m (alors qu'ils se passent entre 100 et 40 km), tout simplement parcequ'on estime intuitivement la distance d'un point lumineux en fonction de sa luminosité ; comme ces phénomènes sont extrêmement violents, très lumineux, ils sont perçus comme très proches, en particulier si on les observe près de l'horizon. J'ai aussi constaté, dans les cas de témoins multiples, la grande disparité des témoignages sur la couleur du phénomène, sa direction, sa durée. J'ai enquêté personnellement un cas de observé le 31/01/2012 par deux témoins situés côte à côte, que j'ai interrogés séparément : un témoin a décrit trois formes turquoise : une en losange au milieu et 2 boules reliées par une fine liaison …qui a disparu à une distance estimée à quelques centaines de mètres ; l'autre a décrit une boule très lumineuse verte et orange.
En traitant les cas d'
de la station spatiale internationale (ISS), j'ai constaté qu'elle est quelquefois décrite comme un phare éclairant le sol, que son altitude est souvent considérée plus ou moins basse selon les témoins et selon les conditions d'
; sa rentrée dans l'ombre de la Terre est souvent interprétée comme un départ à angle droit vers l'espace, à vitesse vertigineuse : en effet, la baisse très rapide de luminosité est interprétée inconsciemment comme un éloignement.
En traitant des cas d'
d'avions vus de face à l'approche, paraissant immobiles dans le ciel durant plus d'une minute, j'ai constaté qu'un objet se déplaçant vers un observateur est perçu comme immobile.
Les estimations de direction des phénomènes observés sont souvent très approximatives : lorque les témoins nous fournissent des photos permettant de recaler l'
par rapport aux points cardinaux, nous constatons souvent que les directions indiquées d'emblée par les témoins sont souvent entachées d'approximations de 45°, voire 90°.
J'ai appris récemment de la bouche d'enseignants de l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile qu'il n'est pas rare que les élèves pilotes se méprennent sur l'altitude d'un objet qu'ils ont en vue ; ils peuvent l'estimer à plus basse altitude alors qu'il est plus haut qu'eux.
Fort de ces expériences, j'ai compris l'imprécision, la grande variabilité des témoignages et les illusions sur la distance et la vitesse des phénomènes observés. La forte luminosité du phénomène du 5 Novembre 1990 a pu le laisser apparaître à travers une mince couche de nuages, comme on voit quelquefois la Lune ou le Soleil. Enfin, comme il est absolument incontestable qu'il y a bien eu une rentrée atmosphérique du troisième étage (objet référencé 20925 ou 1990 – 94C) d'une fusée russe lancée 2 jours avant, s'il y avait eu un autre phénomène simultané, les témoins auraient dû voir la rentrée atmosphérique de cet objet ET l'autre phénomène.
Q : Le GEIPAN a mis en ligne une fiche de synthèse et près de 180 PV de gendarmerie sur le 5/11/90, Avez-vous pu exploiter l'ensemble des témoignages reçus ? Des enquêtes auprès de témoins ont-elle pu être conduites sur le terrain ? On dit que de nombreux autres documents sont encore dans les archives du GEIPAN sur la vague du 5/11/90, est-ce exact ?
R : Je n'ai pas complété le travail fait à l'époque par Jean-Jacques Velasco, travail qui a été considérable : le traitement d'un cas de ce genre demande plusieurs mois de travail à plein temps, et il avait peu de moyens pour celà. Les archives de ce cas sont toujours au GEIPAN : la seule comparaison entre ce qui est en ligne et ce qui est dans les archives de ce cas demanderait un très gros travail que j'estime moins prioritaire que le traitement des centaines de nouveau cas que nous avons en retard. Notons aussi que le GEIPAN n'est pas le seul à avoir recueilli des témoignages.
Q : Si nous retenons notamment, comme vous l'indiquez, l'hypothèse d'une rentrée atmosphérique du 3ème étage d'un lanceur soviétique, information confirmée par la NASA quelques jours après le 5/11/90 (ainsi que par les autorités aériennes civiles et militaires, les services météo et les services d'orbitographie du CNES), pourquoi seule celle du 5/11/90 semble avoir causé autant de témoignages que l'on peut qualifier d'insolites, avec notamment des témoins prétendant avoir des impacts de lumière sur la route fait par ces ovnis, les objets leur paraissant avancer lentement à quelques dizaines de mètres d'altitude ? Combien de retombées de ce type notre planète reçoit ? Comment pouvez-vous expliquer que des témoins dignes de foi puissent à ce point se tromper et confondre un phénomène lié à l'activité humaine avec un ?
R : Les rentrées atmosphériques de ce type ne sont en fait pas si rares : actuellement on peut considérer qu'il retombe sur terre chaque semaine un gros objet de type satellite ou 3ème étage de lanceur ; mais la France est un petit pays à l'échelle du globe : sa surface est de l'ordre d'1/1000 de celle du globe terrestre ; un évènement de ce type peut nous arriver en moyenne tous les 20 ans environ. Ensuite, pour qu'un évènement comme celui-là soit remarqué, il faut qu'il arrive de nuit, par temps dégagé, et à une heure où les Français sont dehors : la statistique doit tomber à environ un évènement tous les 100 ans. Le même phénomène lors d'une froide nuit de janvier n'aurait probablement été aperçu que par quelques routiers et veilleurs de nuit. Notez quand-même qu'une rentrée similaire a été observée et filmée le soir du 24/12/2011 dans le Nord-Est de la France et en Allemagne (rentrée d'un étage de lanceur Soyuz-FG).
Q : Le groupe Lumières Dans La Nuit a enquêté sur près de 30 cas circonstanciés, les publiant dans sa revue. Le groupe Banque publia un livre recensant 400 cas d'observations pour cette soirée du 5/11/90 (" contact une enquête choc, 400 sur la France le 5 novembre 1990, ce n'est pas de la fiction", 500 pages 2ème trimestre 1993) . Ces deux groupes considèrent qu'une série de phénomènes non identifiés ont été vus sur toute la France ce soir-là, sans rapport avec la rentrée atmosphérique qui est admise par ailleurs par ces enquêteurs. Comment expliquez-vous ces témoignages ?
R : Lorsqu'on fait une analyse statistique de ces 500 témoignages, on constate une répartition tout à fait nominale des paramètres de l'
, selon une classique courbe de Gauss (en cloche). Evidemment, si on ne regarde que les cas extrêmes de la courbe, en ignorant la masse des cas "conformes", le phénomène paraît très étrange, alors que ces cas ne sont que les cas limite de la distribution statistique.
Concernant la diversité d'observations et comme l'en atteste l'une des rares photos prises. Il faut tenir compte du fait qu'il y avait des débris de taille importante et nettement séparés dans le ciel. Ces débris se déplaçant beaucoup plus lentement qu'un satellite, ils ont mis plusieurs minutes à passer au-dessus de la France. Leur nombre et leur lenteur ont conféré à l'ensemble un caractère d'étrangeté important.
De plus, selon la position de l'observateur sur le territoire, la vitesse aura pu paraître, nulle, lente ou au contraire rapide et la nature géométrique de l'ensemble variable. Ceci explique la diversité des observations.
Q : Selon vous quelle est la part des médias dans cette affaire ? Ont-ils rendu compte objectivement des faits ou bien se sont-ils, selon-vous, laissés tenter par le spectaculaire ? Le temps mis à répondre par le SEPRA à la presse, plusieurs jours sans explication officielle, a-t-il contribué à amplifier cette "vague" ? Aujourd'hui le GEIPAN avec ses nouveaux moyens et l'évolution des techniques de transmission d'information réagirait comment face à une telle vague d' ? Pour le spécialiste que vous êtes est-il concevable de penser qu'une série d'observations d' puisse se faire en même temps qu'une rentrée atmosphérique spectaculaire ? En 1990 certains on pensé que le SEPRA était là pour masquer la réalité de cette vague qu'en pensez-vous aujourd'hui avec le recul donné par le temps écoulé ?
R : Il est certain que l'embarras initial de Jean-Jacques Velasco, qui a été très surpris de ces témoignages et de leur variabilité, que le délai relativement long pour obtenir les données de la NASA, ajouté à l'emphase des média ont entretenu la confusion et le mystère. Je comprends fort bien que les témoins, persuadés d'avoir vu des objets très proches et très émus par leur , n'aient pas cru l'explication annoncée par le CNES ; il faut avoir vécu des expériences comparables pour admettre l'illusion sur la distance et la vitesse.
Aujourd'hui, si une telle rentrée atmosphérique se produisait, le CNES serait mieux préparé pour expliquer rapidement l' . Sachez que les prévisions de rentrée atmosphérique de débris spatiaux sont aujourd'hui publiques (cf https://www.space-track.org), mais sachez aussi qu'il y en a tous les jours pour des débris de toutes tailles, mais que les incertitudes sont énormes concernant les zones de chute : pour les objets sur orbite polaire, l'incertitude est de l'ordre du quart de la surface terrestre ; on ne peut donc prévoir précisément où l'objet va tomber, ni même où sa rentrée sera visible. Par contre, lorsqu'un témoin signale un phénomène de type , nous avons la possibilité en quelques minutes de savoir si c'est un objet référencé qui est rentré dans l'atmosphère, et lequel.