GUIPAVAS, BREST (29) 22.11.1981
Summary
Multiple observations de la présence dans le ciel d'un phénomène lumineux rouge-orangé ; extinction subite : probable observation d'une rentrée atmosphérique de météoroïde.
Description
Le GEIPAN continue à publier l'ensemble de ses archives sur son site public www.geipan.fr. Dans ses publications, figurent des cas anciens classés à l'époque (A, B, C ou D) et qui font aujourd'hui l'objet d'un réexamen, dans le seul but d'être plus pertinent dans les conclusions. Grâce à de nouveaux moyens techniques (logiciels) et à l'expérience d'enquête acquise depuis toutes ces dernières années, ce réexamen aboutit quelquefois à de nouvelles remarques voire à un changement de classification.
Ce cas d'observation précédemment classé D et nommé GUIPAVAS (29) 22.11.1981 fait partie d'un ensemble de cas réexaminés récemment.
Le 22 novembre 1981 entre 07h55 et 08h quatre groupes indépendants de personnes observent dans le ciel peu couvert un phénomène lumineux sphérique rouge orangé bas sur l'horizon. Cette boule disparaît instantanément ou semble être tombée dans un champ proche d'une piste de l'aérodrome de Guipavas (29). La Gendarmerie est contactée le lendemain par le contrôleur aérien de l'aérodrome de Guipavas (29) : au total 8 témoignages sont recueillis dont 7 rapportant l'observation du PAN. La durée d'observation est courte et des perceptions différentes selon les témoins sont notées.
Les témoins ont probablement observé la rentrée atmosphérique d’un météoroïde (voir le compte rendu d'enquête). Les éléments appuyant cette hypothèse sont les suivants :
- la couleur du phénomène, rouge-orange ;
- la forme, en boule ;
- la présence « d’étincelles » et d’une traînée semblable à celle d’une étoile filante ;
- la durée d’observation, courte ;
- le déplacement, probablement lent et régulier ;
- la disparition, par descente (et tombée au sol pour un témoin).
Il s’agit ici d’une rentrée tangentielle à l’atmosphère et observée de face (c’est-à-dire le long de la rentrée) qui peut ainsi se traduire par un point lumineux bas à l’horizon et évoluant peu angulairement, et même immobile lorsque la trajectoire se trouve bien alignée sur l’axe d’observation.
Il existe des différences de description entre les témoins qui peuvent s’expliquer au regard de l’hypothèse ou au regard des conditions d’observation :
- la présence d’étincelles ou de traînée n’est indiquée que par de 2 témoins (T2 et T6). T6 est un témoin à l’arrêt (attendant un bus) et contrairement à ceux en mouvement dispose de l’attention nécessaire pour ces détails sur une si faible durée. Rien ne permet de savoir si T2 (joggeur) est à l’arrêt mais cela est possible, car on sait au moins qu’il n’a pas continué à courir, il était en avance sur T1 et T3 (joggeurs) et il est allé ensuite les rejoindre (donc point d’arrêt nécessaire). Par contre, T5 et T4 (pompiers en service à l'aérodrome) également à l’arrêt n’ont rien signalé. T4 ne mentionne rien mais n’a pas été interrogé sur de telles particularités contrairement à T5 qui répond n’avoir rien noté, mais ce dernier semble peu sensible à la brillance car contrairement à tous les autres témoins ne déclare aucune brillance pour ce PAN ;
- des témoins (T4,T5,T6) observent une modification de la forme du PAN, au fil de son évolution. Bien qu’on n’ait peu d’exemples décrivant des observations de rentrées de face, ces modifications de forme pourraient s’expliquer par le fait que la traînée, observée dans son long ou de face, est réduite (peu visible) et peut se traduire par un épaississement multiforme. Les autres témoins ne signalent rien de tel mais ne disposaient pas, contrairement aux premiers immobiles, de la même attention d’observation, car ils ont fait une partie (voire la totalité pour certains) de l’observation en se déplaçant ;
- les descriptions quant à la mobilité ou stationnarité du PAN diffèrent. Celles se rattachant à des déplacements explicitement perçus comme angulaires sont compatibles entre témoins et conformes à l’hypothèse. Les perceptions de mouvement ou d’immobilité non reliées à des perceptions angulaires explicites peuvent être des interprétations propres à chaque témoin (une variation d’intensité lumineuse d’un PAN peut être interprétée comme une évolution de distance du PAN considéré à luminosité constante) ;
- la phase finale de la rentrée peut s’accompagner d’une diminution de lueur avec une descente angulaire du corps résiduel plus ou moins progressive et plus ou moins observable selon les conditions générales, l’intensité lumineuse finale et l’acuité visuelle du témoin. Certains témoins peuvent perdre la lueur avant ou pendant la perception de baisse angulaire tandis qu’un (voire deux) témoin déclare l’avoir vu tomber dans le champ. Un témoin qui suit la lueur tombant vers l’horizon initie une reconstruction mentale de trajectoire basée sur une distance arbitraire. Ce qu’il perçoit ensuite sur fond de paysage peut ne pas être perçu par les yeux et correspondre à une extrapolation d’une mécanique mentale réglée à tort sur une trajectoire proche ;
- la durée d’observation de T3 « une à deux minutes » apparaît trop longue pour être compatible d’une aussi faible évolution angulaire, même pour un bolide à rentrée tangentielle dans l’atmosphère et observée de face. Il est donc probable que la durée d’observation de T3 a été surestimée et était plus proche de celles observées par les autres témoins (qui ne dépassait pas 15 secondes).
Au final l’explication peut être retenue, l’incertitude résultante provient moins de la rareté du phénomène ( 2% des rentrées naturelles se font de manière tangentielle, mais c’est aussi le propre des phénomènes rares de créer des observations) que de la perception d’évolution des formes notées par les témoins immobiles, évolution que l’on peut certes comprendre compte tenu de la géométrie, mais qui n’a pas encore fait l’objet de telle observation (peut être justement du fait de la rareté de ce type de rentrée).
La consistance est bonne, avec de nombreux témoins (certains indépendants entre eux), sans aucune incohérence malgré les descriptions différentes (sauf la durée pour T3) et avec une assez bonne description des PAN.
En conséquence le GEIPAN classe le cas en B : rentrée atmosphérique de météoroïde.
NOTA : La première classification du GEIPAN avait fait état que le CRNA signalait « un spot visible sur le radar ». En fait les gendarmes ont signalé dans le procès-verbal « qu’aucun fait anormal n’a été constaté par les contrôleurs de permanence au CRNA Ouest » et le chargé de mission du CNRA indique qu’aucun « crédit significatif ne peut être accordé à ces taches. Il pourrait s’agir soit d’un phénomène d’écho, soit de parasites ».
Ce cas d'observation précédemment classé D et nommé GUIPAVAS (29) 22.11.1981 fait partie d'un ensemble de cas réexaminés récemment.
Le 22 novembre 1981 entre 07h55 et 08h quatre groupes indépendants de personnes observent dans le ciel peu couvert un phénomène lumineux sphérique rouge orangé bas sur l'horizon. Cette boule disparaît instantanément ou semble être tombée dans un champ proche d'une piste de l'aérodrome de Guipavas (29). La Gendarmerie est contactée le lendemain par le contrôleur aérien de l'aérodrome de Guipavas (29) : au total 8 témoignages sont recueillis dont 7 rapportant l'observation du PAN. La durée d'observation est courte et des perceptions différentes selon les témoins sont notées.
Les témoins ont probablement observé la rentrée atmosphérique d’un météoroïde (voir le compte rendu d'enquête). Les éléments appuyant cette hypothèse sont les suivants :
- la couleur du phénomène, rouge-orange ;
- la forme, en boule ;
- la présence « d’étincelles » et d’une traînée semblable à celle d’une étoile filante ;
- la durée d’observation, courte ;
- le déplacement, probablement lent et régulier ;
- la disparition, par descente (et tombée au sol pour un témoin).
Il s’agit ici d’une rentrée tangentielle à l’atmosphère et observée de face (c’est-à-dire le long de la rentrée) qui peut ainsi se traduire par un point lumineux bas à l’horizon et évoluant peu angulairement, et même immobile lorsque la trajectoire se trouve bien alignée sur l’axe d’observation.
Il existe des différences de description entre les témoins qui peuvent s’expliquer au regard de l’hypothèse ou au regard des conditions d’observation :
- la présence d’étincelles ou de traînée n’est indiquée que par de 2 témoins (T2 et T6). T6 est un témoin à l’arrêt (attendant un bus) et contrairement à ceux en mouvement dispose de l’attention nécessaire pour ces détails sur une si faible durée. Rien ne permet de savoir si T2 (joggeur) est à l’arrêt mais cela est possible, car on sait au moins qu’il n’a pas continué à courir, il était en avance sur T1 et T3 (joggeurs) et il est allé ensuite les rejoindre (donc point d’arrêt nécessaire). Par contre, T5 et T4 (pompiers en service à l'aérodrome) également à l’arrêt n’ont rien signalé. T4 ne mentionne rien mais n’a pas été interrogé sur de telles particularités contrairement à T5 qui répond n’avoir rien noté, mais ce dernier semble peu sensible à la brillance car contrairement à tous les autres témoins ne déclare aucune brillance pour ce PAN ;
- des témoins (T4,T5,T6) observent une modification de la forme du PAN, au fil de son évolution. Bien qu’on n’ait peu d’exemples décrivant des observations de rentrées de face, ces modifications de forme pourraient s’expliquer par le fait que la traînée, observée dans son long ou de face, est réduite (peu visible) et peut se traduire par un épaississement multiforme. Les autres témoins ne signalent rien de tel mais ne disposaient pas, contrairement aux premiers immobiles, de la même attention d’observation, car ils ont fait une partie (voire la totalité pour certains) de l’observation en se déplaçant ;
- les descriptions quant à la mobilité ou stationnarité du PAN diffèrent. Celles se rattachant à des déplacements explicitement perçus comme angulaires sont compatibles entre témoins et conformes à l’hypothèse. Les perceptions de mouvement ou d’immobilité non reliées à des perceptions angulaires explicites peuvent être des interprétations propres à chaque témoin (une variation d’intensité lumineuse d’un PAN peut être interprétée comme une évolution de distance du PAN considéré à luminosité constante) ;
- la phase finale de la rentrée peut s’accompagner d’une diminution de lueur avec une descente angulaire du corps résiduel plus ou moins progressive et plus ou moins observable selon les conditions générales, l’intensité lumineuse finale et l’acuité visuelle du témoin. Certains témoins peuvent perdre la lueur avant ou pendant la perception de baisse angulaire tandis qu’un (voire deux) témoin déclare l’avoir vu tomber dans le champ. Un témoin qui suit la lueur tombant vers l’horizon initie une reconstruction mentale de trajectoire basée sur une distance arbitraire. Ce qu’il perçoit ensuite sur fond de paysage peut ne pas être perçu par les yeux et correspondre à une extrapolation d’une mécanique mentale réglée à tort sur une trajectoire proche ;
- la durée d’observation de T3 « une à deux minutes » apparaît trop longue pour être compatible d’une aussi faible évolution angulaire, même pour un bolide à rentrée tangentielle dans l’atmosphère et observée de face. Il est donc probable que la durée d’observation de T3 a été surestimée et était plus proche de celles observées par les autres témoins (qui ne dépassait pas 15 secondes).
Au final l’explication peut être retenue, l’incertitude résultante provient moins de la rareté du phénomène ( 2% des rentrées naturelles se font de manière tangentielle, mais c’est aussi le propre des phénomènes rares de créer des observations) que de la perception d’évolution des formes notées par les témoins immobiles, évolution que l’on peut certes comprendre compte tenu de la géométrie, mais qui n’a pas encore fait l’objet de telle observation (peut être justement du fait de la rareté de ce type de rentrée).
La consistance est bonne, avec de nombreux témoins (certains indépendants entre eux), sans aucune incohérence malgré les descriptions différentes (sauf la durée pour T3) et avec une assez bonne description des PAN.
En conséquence le GEIPAN classe le cas en B : rentrée atmosphérique de météoroïde.
NOTA : La première classification du GEIPAN avait fait état que le CRNA signalait « un spot visible sur le radar ». En fait les gendarmes ont signalé dans le procès-verbal « qu’aucun fait anormal n’a été constaté par les contrôleurs de permanence au CRNA Ouest » et le chargé de mission du CNRA indique qu’aucun « crédit significatif ne peut être accordé à ces taches. Il pourrait s’agir soit d’un phénomène d’écho, soit de parasites ».