MANOSQUE (04) 01.07.2021
Le jeudi 1er juillet, aux alentours de 20h45, un témoin observe depuis son balcon situé à Manosque (04) le passage de deux phénomènes aériens non identifiés (PAN) se croisant dans le ciel. Ces objets présentent un aspect blanc brillant et une forme ovoïde. L'observation dure moins d'une minute, jusqu'à leur disparition du champ visuel. Le lendemain, le 2 juillet, le témoin transmet au GEIPAN un Questionnaire Technique (QT) dûment complété, accompagné d'une photographie panoramique du lieu d'observation prise environ 15 minutes après les faits (Annexe 1), ainsi que d'un croquis du phénomène observé (Annexe 2). Aucun autre témoignage relatif à cette observation n'a été reçu par le GEIPAN.
Le GEIPAN sollicite le Centre Air de planification et de conduite des opérations de défense aérienne de l'Armée de l'Air et de l'Espace (CAPCODA) le 19 août 2021 afin d'obtenir une restitution radar. Cette dernière est transmise le 28 septembre
L'unique hypothèse étudiée est celle de 2 avions qui se croisent.
Sachant que le témoin a évoqué spontanément cette possibilité : « Je me mets à regarder dans le ciel précisément à l'endroit où j'aperçois ce que je prends au début pour deux avions ».
Du fait d'un unique témoin et malgré l'absence de photo ou de vidéo des PANs, la consistance* du témoignage est jugée bonne. L'étrangeté perçue par le témoin est du au fait que les 2 PANs semblent très proches (il pense même à une possible collision) et qu'il ne distingue pas leurs ailes.
*selon les critères du GEIPAN, la consistance est la quantité d'informations considérées comme fiables et objectivées, recueillies pour un témoignage.
La restitution radar fournie par le CAPCODA présentait des difficultés d'interprétation, en raison d'une échelle inadaptée et de la faible lisibilité des informations affichées.
En complément, l'analyse menée à l'aide du site Globe.adsbexchange a permis de confirmer la présence simultanée de deux aéronefs se croisant à 18h47 UTC, dans l'axe d'observation du témoin (orientation sud-sud-est). Depuis sa position, ces deux objets pouvaient apparaître alignés sur une même trajectoire apparente. Il s'agit des vols :
- RYR576A, évoluant à une altitude de 40 000 pieds (12 192 m), situé à une distance horizontale de 39 735 m du témoin (projection au sol mesurée sur carte) (voir Annexe 3).
- IBE32EM, évoluant à une altitude de 36 975 pieds (11 270 m), situé à une distance horizontale de 51 768 m du témoin (projection au sol mesurée sur carte) (voir Annexe 4).
Le vol RYR576A est visible depuis la position du témoin selon un angle d'élévation d'environ 17° (calculé via Arctan (12192 / 39735)), tandis que le vol IBE32EM apparaît sous un angle d'environ 12° (Arctan (11270 / 51768)), soit une différence d'environ 5° seulement. Cet écart, relativement faible, peut donner l'illusion de trajectoires convergentes, voire d'une possible collision, ce qui n'est en réalité pas le cas, les deux appareils évoluant à des altitudes distinctes et suivant des trajectoires indépendantes (voir Annexe 5).
On note également que ces élévations réelles sont sensiblement inférieures à celles estimées par le témoin (entre 30° et 45°), ce qui est fréquent : les témoins ont généralement tendance à surestimer les angles de faible élévation.
Ces angles réduits et la grande distance séparant les aéronefs du témoin rendent leur identification visuelle difficile, d'autant plus que les ailes peuvent visuellement se confondre avec le plan horizontal du fuselage à cette distance.
Concernant la couleur et la luminosité des PANs signalés : le témoin évoque un blanc très brillant, ce qui est cohérent avec l'apparence des fuselages blancs des deux avions, réfléchissant la lumière du Soleil au moment de l'observation.
Quant à la forme perçue, la distance importante (plus de 40 km) ne permet probablement pas au témoin de la distinguer avec précision, d'autant que les reflets solaires peuvent altérer la perception de la structure.
Enfin, la courbure apparente de la trajectoire pourrait être interprétée comme un effet de perspective, lié à l'éloignement des appareils et à la position de l'observateur.
Le GEIPAN classe ce cas en "A" : observation de deux avions de ligne.